Un récit bref, poétique, introspectif d’un homme, devenu pianiste, qui découvre son père et un étranger à sa mort, curieusement, en revenant dans le quartier de son enfance à Trappes. En vidant l’appartement de son père, il fait une trouvaille insoupçonnée, une enveloppe soigneusement pliée qui recèle les secrets bien cachés d’une vie, qui va le transformer et celui de son regard sur les silences d’un père. Une traversée dans les méandres d’un récit qui lui appartient également, qui lui parle en profondeur de ses racines.
(…) Dans la mine, mes camarades et moi, nous prenons une machine qui nous descendre sous la terre. Souvent je descends à près de 1 000 mètres. Dans le ventre de la terre. Il y en a qui vomissent, d’autres sui ont peur et on voit la peur dans leurs yeux. Parfois, moi aussi j’ai peur. Mais quand je pense à vous, et que je récite quelques sourates, mon cœur s’apaise grâce à Dieu. Cela me donne la force. On s’enfonce dans le noir, c’est comme si la terre nous appelait. C’est un voyage. C’est un monde étrange. Je suis fasciné et en même temps, je suis souvent inquiet. Pas tellement pour moi mais pour les autres. Je n’aurais jamais imaginé que sous nos pieds, il y avait tout un monde. Comme lorsque j’étais enfant, et que je dormais sur le toit de la maison pour découvrir l’immensité du ciel.
Sous la terre, il fait froid, il fait noir, et on ne voit pas grand-chose, juste ce que la lampe que nous portons sur le front nous permet de voir. On entend le bruit de la machine qui descend toujours plus profond, et le grincement des rails qui transportent le charbon. (…)
Rachid Benzine, Le silence des pères, Points, Editions du Seuil, 2023
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