Lecture défi

Publié le 30 juin 2025 à 14:57

Dans ce récit tragico-troublant à la langue poétique, Nada Albillama-Masson traduit à l’état brut l’assignation de la maladie de parkinson, ce qu’elle impose dans les liens de filiation, de la vie de couple et pour le patient lui-même. Une résonance avec la femme qu'elle est, elle donne à lire et comprendre la ligne de frontière, entre la survie et le combat.

L’émotion vous frappe sans prévenance, elle surgit d’un moment à l’autre, et vous la prenez en pleine face, elle exprime la violence du titre, de l’exil d’une maladie qui ronge, qui rafle tout sur son passage, au fil des mois et des années, le temps est devenu un invariant incontrôlable.

Rien, ni personne n’est épargné par l’injustice de la sentence, d’un chez-soi à l’entrée en Ehpad.

Un témoignage vivant et poétique !

" Entre inertie et torpeur.

Tout s'évapore. Elle ne maîtrise plus rien. Les mots se perdent. Les idées boudent ou s'absentent. La parole se dilue. Elle marche sur du sable mouvant. Elle peine à avancer. Son corps cimenté suit le mouvement telle une automate mais l'équilibre est précaire. La chute lui tend les bras. Elle a envie de se diriger vers elle pour qu'elle l'entoure, l'encercle, la protège ; elle pourrait, peut-être, enfin lâcher prise. Cette chute s'occupera d'elle, elle en est certaine. Elle la gardera parterre, ne la quittera plus des yeux, lui assurera de sa tendresse. Et elle, elle restera là, béate, assurée de sa survie. Quelqu'un veille sur elle.

Sa tête est lourde d'une masse compacte façonnée par les encombrements de tous genres. Serrée entre ses mains, elle essaie de calmer ses soubresauts qui étreignent la paroi compressée par la douleur d'un trop-plein. L'étanchéité ne fonctionne toujours pas bien, laissant filtrer l'écho sourd de l'insondable."

Nada Abillama-Masson "Un exil nommé Parkinson Tenir...séparément, ensemble, Chronique sociale, Comprendre les personnes, 2025.

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