Philippe Collin, choisit un lieu mythique et mondain, le grand hôtel du Ritz, pour raconter l'effroi, le doute, les espoirs déçus, l'audace de femmes et d'hommes qui se transforment sous l'occupation allemande, en héros ou collabos. Dans ce microcosme, le barman du Ritz Franck Meier, côtoie au quotidien le milieu artistique et littéraire parisien et les occupants, il navigue dans ses eaux troubles la peur au ventre, en faisant preuve de diplomatie et d'une adaptation hors pair.
3 octobre 1940 (...)
" Chaque fois que le mot "juif est prononcé dans le bar, Frank se rappelle que Georges, son vieux camarade de tranchée, les tient tous les deux dans sa pagne, Luciano et lui. Le fonde de l'air est malsain.
Maréchal, sauve nous de l'abîme !
Dans cette guerre qui s'appelle maintenant paix, Franck Meier se sent ballotté entre deux mondes qui coexistent et ne se croisent jamais : le monde du dedans, celui du Ritz, avec son faste, son confort et ses carnassiers, et le monde du dehors, celui de la faim, du froid et de l'humiliation. Frank n'arrive pas à se faire à la situation. Il s'y refuse, même. Il s'accroche au mince espoir que Pétain pourrait peut-être encore renverser la tendance, rendre aux français l'existence digne et décente dont ils sont privés depuis des mois. Hier, au jardin des Tuileries, il a aperçu un vieillard affamé essayer vainement d'attraper un malheureux pigeon avec un filet."
Philippe COLLIN, Le Barman du Ritz, Albin Michel, 2024.

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